Chroniques de Meetic : Un Nouveau Départ...

11 juillet 2017

Chroniques de Meetic : Un Nouveau Départ...

Il y a quelques années de cela, j’étais en couple. Un couple dans lequel je n’étais pas épanouie. Mon compagnon était un garçon très intelligent mais qui me prenait pour sa mère, sa psy, qui professait l’égalité homme-femme mais levait rarement le petit doigt pour participer aux tâches ménagères : il avait des choses plus importantes à faire qui retenaient toute son attention et son énergie... Il m’aimait, mais ne se posait pas de questions sur mon manque de satisfaction dans notre vie intime. Celle-ci tournait essentiellement autour de son plaisir, puisque je peinais à désirer quelqu'un que je devais constamment prendre en charge. C’était également un champion en logique spécieuse qui faisait preuve d’une telle mauvaise foi lors de nos (fréquentes) disputes, que moi qui suis d’un naturel plutôt mesuré, j’envisageais régulièrement de lui mettre ma main dans la figure pour faire valoir mon point de vue…

Ayant été éduquée à toujours faire passer les autres avant moi-même sous peine d’être taxée d’égoïsme, je me disais néanmoins que si lui trouvait son compte dans notre relation, c’était déjà bien, et comme je n’avais rien de mieux à faire, je n’allais tout de même pas lui faire de la peine en l’abandonnant…

Jusqu’au jour où je n’ai plus supporté de jouer la comédie du couple heureux en public. Notre complicité intellectuelle ne me suffisait plus. Je me suis vue finir aigrie et frustrée, à faire du baby-sitting avec un type de 3 ans mon aîné qui reproduisait sans doute avec moi l’ambiance de guerre civile dans laquelle avait vécu le couple de ses parents. J’avais 32 ans, dont 12 avec lui, il était enfin autonome ( par ailleurs brillant, il avait laissé ses études le poursuivre plutôt que le contraire), le Coucou pouvait quitter le nid… et moi aussi !

En pleurs, je lui ai dit qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Il en a convenu à regret. Nous avons encore cohabité quelques mois, le temps que je trouve un logement à acheter.

A ce moment-là, j’ai envie de me changer les idées, de sortir, mais quand on n’a connu bibliquement que deux garçons dans sa vie et qu’on est plus que dodue, débarquer sur le marché de la drague n’est pas chose aisée…Pourquoi ne pas essayer un site de rencontres ?

Ce sont les débuts de Meetic, et comme je n’ai rien à perdre ( c’est gratuit pour les filles), je décide d’aller y faire un tour. Je travaille dans un milieu très féminisé, je sais que je risque peu de rencontrer un homme célibataire au détour d'une Salle des Profs… Je m’inscris donc. Je ne mets pas de photo de profil : outre le manque de confiance en moi, je n’aime pas l’idée d’avoir ma bouille étalée devant n’importe qui comme à l'étal du marché … je précise par contre que je suis « ronde ». Je mets une annonce qui si je me souviens bien spécifie que je ne sais pas ce que je cherche mais que je le saurai quand je l’aurai trouvé, que j’aime les chats, parler anglais, faire la cuisine pour mes amis, danser et avoir raison.

J’ai tout de suite eu des contacts. Des curieux, des morts de faim, des dépressifs… Je chatte avec des hommes mariés le temps de leur dire que je n’ai pas de temps à perdre à être sur un strapontin dans la vie de quelqu’un alors que je peux avoir la première place dans la vie d’un autre. Comme je tape des 10 doigts, je vois vite qui arrive à soutenir la cadence de ma conversation ( et qui a une orthographe qui ne me fait pas friser la cornée…). Aaah, le bonheur de bavarder avec des garçons instruits… de faire assaut de bons mots… Bien sûr nous échangeons nos photos à ce moment-là. Les lourdauds se sont disqualifiés d’eux-mêmes à ce stade là. Trop pressés s’abstenir, j’ai du temps à perdre. Je découvre le plaisir de flirter. Rien que pour cela, ça vaut le coup.

Depuis quelques jours, je chatte avec Robin. Il habite dans une ville voisine, a un humour piquant que je goûte beaucoup. Alors que nous nous éclaboussons mutuellement de références filmiques ou littéraires, je me vante d’être redoutable au Trivial Pursuit. « Viens jouer chez moi ce soir, je vais te faire pleurer » dit-il. J’hésite, il assure qu’on ne fera que jouer et que je n’ai qu’à donner son adresse à des amis qui m’appelleront dans la soirée pour que je donne une preuve de vie… J’appelle donc des copains qui habitent dans la ville en question pour les prévenir, et j’y vais, étonnée de ma propre audace. Je passe une excellente soirée, on s’amuse comme des petits fous, comme prévu je le bats (même si ce n’est pas à plate couture !), ce qui l’agace passablement et donc me met en joie. Je rentre chez moi, j’ai un message.

"Dis… on a pas oublié de baiser, nous … ?!!! "Euh, à vrai dire je n’y pensais même plus … ! La suite de nos échanges sera plus « hot ». Nous allons nous revoir pour réparer notre oubli, et si physiquement c’est plaisant l’alchimie n’est pas là. Robin est un séducteur, et il m’a redonné le goût de séduire.

Il me dira deux choses essentielles :

1) " Essaye l’épilation intégrale "( Mais euh… le maillot échancré ça fait déjà mal … Bon, OK, j’essaye !)

2) " tu peux séduire QUI TU VEUX. Les hommes sont très narcissiques, flatte-les, et tu peux avoir n’importe quel mec si tu en as envie… Pour le garder.. ? L’Amour, c’est autre chose… "

Il me donnera, au lendemain de notre unique nuit, une petite carte que j’ai toujours sur moi. C’est Storm, des X-Men. " tu es comme elle,tu as le pouvoir …ne l'oublie pas."

J’ai l’impression qu’il me laisse partir avec satisfaction, ayant fait mon éducation, lâchant sa créature dans le monde virtuel. Nous resterons en contact, et il se montrera toujours amusé et fier des « bêtises » que j’ai pu faire… Ma mission, en attendant de rencontrer un - et non pas "LE"...- Prince Charmant : faire preuve d’audace et m’amuser, si possible en faisant tourner les hommes en bourrique . Je ne vais pas me priver… Mon ex, avec qui je cohabite encore pour quelques semaines, a senti le vent tourner, j’ai découché… Il veut profiter de mes dispositions coquines, et je me laisse faire, juste pour mon plaisir cette fois. Ca le fait enfin, mais... il est trop tard… Je pars.